[ Parcours d'expat' ] Un PVT au Canada d'Est en Ouest
Épisode 1 - Cécilia Savery - PVT au Canada d'Est en Ouest
Allô, moi c’est Cécilia, j’ai trente ans et je suis rentrée il y a quelques mois d’un PVT au Canada. Quand on m’a proposé d’écrire ces quelques lignes sur mon expérience, j’ai de suite accepté.
Parler du Canada ? Say no more, I’m in !
En réalité, j’étais loin d’imaginer la difficulté de l’exercice. Si je devais faire un court résumé, je dirais que ces deux dernières années ont été une succession d’opportunités inattendues, de paysages à couper le souffle, de rencontres inoubliables, de kilomètres parcourus et de changements positifs. Laissez-moi vous raconter.
Tout a commencé un 21 Mars 2019. J’ai débarqué à Montréal avec une valise et un sac à dos sans trop savoir à quoi m’attendre. J’ai d’abord commencé par le Québec, principalement pour des raisons administratives et familiales mais aussi en pensant faire une sorte de transition entre la France et l’Ouest Canadien. Mais Montréal étant très populaire auprès des jeunes Français, j’ai vite compris qu’on était nombreux à avoir eu la même idée. Moi qui m’attendais à un choc culturel en arrivant au Canada, je me suis retrouvée au milieu de milliers de compatriotes. Je ne regrette pas ce choix pour autant, j’avais un plan précis en tête et je comptais m’y tenir. J’ai donc trouvé un emploi, emménagé dans une colocation et j’ai entamé cette nouvelle vie.
Après quelques mois, je n’arrivais toujours pas à trouver ma place. En faisant ce voyage, je cherchais à vivre des expériences complètement différentes de ce que je connaissais déjà et voilà que je me retrouvais plongée dans une ambiance Française, à travailler et vivre avec des Français. Ça ne correspondait pas à mes envies du moment. J’ai donc décidé de changer d’air, de faire mes valises et de déménager à Québec City. Cette belle province a tellement à offrir, je voulais en voir plus, me rapprocher de la nature et surtout de la culture Québécoise. Je n’ai pas été déçue, tout y était, même les tempêtes de neige et l’hiver plus rude qu’on m’avait promis.
Le Québec est une province très agréable mais j’ai toujours rêvé de faire un road-trip à travers le Canada. J’ai donc commencé à faire des recherches pour acheter un van. Le but était de partir en avril, rester quelques mois sur la route et arriver pour l’été sur la Côte Ouest. Ce qui me permettait de faire un an dans l’Est, plusieurs mois de voyage et le reste dans l’Ouest. Tout aurait pu rouler comme sur des roulettes si Mr. Corona n’était pas venu perturber tous mes plans.
Mars 2020, presque un an jour pour jour après mon arrivée, le Canada fermait ses frontières et interdisait tout déplacement. Comme le monde entier, je me suis retrouvée enfermée chez moi à attendre qu’on nous autorise à sortir à nouveau. J’ai changé mes plans de nombreuses fois pendant ces trois mois de confinement mais rentrer en France n’a jamais été envisagé.
Comme pour beaucoup, cette pandémie mondiale a été l’occasion de faire le point. J’ai remis en question ma présence au Canada, j’ai questionné mes choix, j’ai réévalué mes envies et j’ai beaucoup douté. Rentrer en France n’était pas une option mais me déplacer n’était pas possible non plus. Alors, j’ai juste pris le temps. J’ai enchainé les livres, les courses à pied, les heures à jouer aux Sims et les épisodes de Buffy Contre les Vampires. J’ai pris le temps de faire le point sur ce que je voulais vraiment tirer de cette expérience et ce que j’avais réellement envie de faire. Ce qui revenait à chaque fois c’était voir l’Ouest Canadien et me faire une idée plus complète du pays.
Les conditions pour un road-trip n’étaient plus vraiment idéales donc, après de longues conversations avec mon entourage, j’ai refait mes valises et je suis repartie sur Montréal dès que les déplacements furent autorisés. Même si cette ville n’était pas un coup de coeur, je savais que je pourrai y trouver de quoi m’occuper malgré les restrictions. Je ne m’en rendais pas encore compte mais la pandémie venait de donner un tout nouveau tournant à mon voyage et ce n’était que le début.
Ce déménagement m’a complètement remotivé et remis sur les rails. Mon rêve de voir l’Ouest était plus vif que jamais. Vous l’aurez compris, dès que les frontières interprovinciales ont réouvert, j’ai pris le premier vol direction Calgary et j’ai embarqué avec moi une amie, rien de mieux que de partager l’expérience. À ce moment-là, il ne me restait que sept mois de visa. Le projet était alors de faire
quelques jours de road-trip dans les Rocheuses Canadiennes suivis de bénévolat en Alberta, en Colombie Britannique et au Yukon, deux mois dans chaque province.
Spoiler Alert: it never happened !
Sans grande surprise, je suis littéralement tombée amoureuse de l’Alberta le jour où j’ai mis les pieds dans les Rocheuses Canadiennes. Dès les premiers kilomètres sur la Icefield Parkway, je savais que je devais rester plus longtemps dans ces montagnes. Le choc culturel auquel je m’attendais était là, mon aventure Canadienne pouvait enfin commencer. Le mois que je devais faire dans une ferme équestre s’est transformé en deux. Les deux mois en Alberta se sont transformés en six. Les deux mois en Colombie Britannique se sont réduis à un et les deux mois au Yukon ont été abandonnés. Pendant ces sept derniers mois, je me suis complètement laissée guider par mes envies et je ne me suis jamais sentie aussi libre.
On m’a beaucoup demandé quelle était la différence entre l’Est et l’Ouest. Ça m’a pris du temps mais j’ai fini par me rendre compte que, même si les habitants sont tous Canadiens, il est difficile de croire qu’ils appartiennent au même pays. Outre les paysages, tout est tellement différent : les gens, les routes, les villes, l’ambiance, la langue, la culture, la météo et même les avis sur Justin Trudeau… Parler du Québec en Alberta c’est un peu comme parler de l’Allemagne en France : ils se connaissent, ils s’apprécient, ils partagent une histoire commune, ils sont relativement proches mais ils ne parlent pas la même langue, ne partagent pas les mêmes idées et n’ont certainement pas les mêmes priorités.
Au Québec, j’ai apprécié les grandes villes, dynamiques et vivantes. L’abondance d’activités culturelles qui rythment les saisons, l’art qui s’exprime librement et les festivals qui font vibrer les rues. L’ouverture d’esprit des habitants et l’ambiance très cosmopolite. J’ai aimé les nombreux parcs nationaux, tous aussi beaux les uns que les autres, et leur lot d’activités de plein air, été comme hiver. J’ai admiré le Saint Laurent et ses baleines, quel spectacle ! Et puis, je suis tombée en amour (comme ils disent) avec cet accent si chantant qu’est le Québécois.
En Alberta, j’ai adoré observer les paysages changer de kilomètre en kilomètre. J’ai admiré leur respect pour la vie sauvage, que ce soit dans les parcs nationaux ou pas. J’ai aimé la proximité avec la nature, la sérénité des grands espaces et la grandeur de ces montagnes. Puis, j’ai tout particulièrement apprécié la diversité des styles de vie. Dans une même ville, il n’est pas rare de croiser un cowboy chapeau sur la tête, un citadin en costume, un voyageur un peu perdu, une « outdoor lover » fan
d’escalade, une photographe à la recherche du spot parfait, un fou de snowboard qui passe ses week-ends à Sunshine Village, des français en PVT qui baragouinent quelques mots en anglais et un FrenchCanadian qui se sent étranger dans son propre pays.
Chaque province est unique en son genre, avec ses attraits et ses contraintes. Je vous parle de l’Alberta et du Québec mais en un mois en Colombie Britannique, j’ai vu un aspect encore différent du Canada. Je n’ose même pas imaginer les contrastes entre les provinces du grand nord et les provinces maritimes. C’est ce qui fait toute la beauté et la grandeur de ce pays !
Au final, en moins d’un an, mes plans ont changé presqu’aussi souvent que les Français ont fait la grève… Ces obstacles, aussi difficiles qu’ils aient pu paraitre sur le moment, m’ont fait prendre des chemins inattendus. Et je me rends compte maintenant que, sans tous ces changements de route, je n’aurais jamais fait de bénévolat, je n’aurais jamais suivi un cowboy à la recherche d’une cascade
cachée, je n’aurais jamais vu de chevaux sauvages, je n’aurais jamais vu un T-rex sur un mini vélo, je n’aurais jamais vu un orignal courir à côté de notre voiture, je n’aurais jamais fait de hockey sur un lac gelé, je n’aurais jamais ressenti des températures extrêmes, je n’aurais jamais été témoin de la gentillesse des Canadiens qui se sont démenés pour sortir notre voiture du ravin, je n’aurais jamais réalisé des rêves que je ne pensais même pas avoir et surtout je n’aurais jamais croisé la route de toutes
ces personnes qui ont rendu cette expérience encore meilleure.
L’expatriation est une expérience intense. Aussi inoubliables et incroyables que ces deux années ont pu être, il y a aussi eu de longs moments de doute, d’incertitude et de solitude. Mais malgré tout, je n’aurai changé ma vie pour rien au monde. L’expatriation c’est comme les montagnes russes : les hauts sont aussi magnifiques que les bas sont compliqués. Il faut s’accrocher et y croire, on finit toujours par atteindre nos objectifs, quels que soient les détours et les chemins empruntés.
Ce que je retiens de ce voyage ?
Simplement que les plans sont fait pour être changés, les inconnus sont fait pour être suivis, les opportunités sont faites pour être saisies.
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